Guerre
« Orphelin de sœur », c’est comme ça qu’Enrik Helenius s’est souvent défini. Avec une sœur qu’il a longtemps cru disparue pour toujours lors de la guerre du Liban, les conflits armés ont eu un impact conséquent sur son imaginaire.
La guerre, déjà racontée dans des milliers d’œuvres, se retrouve chez Helenius avec des couleurs et des déchirements. L’horreur et l’absurdité prennent des formes abstraites dans des explosions, des traits durs, et bien sûr dans la fin du conflit, qui laisse place au soulagement, mais aussi au décompte, à la joie et au deuil.
La guerre civile libanaise était complexe, particulièrement longue et meurtrière pour les populations civiles (1975-1990). Le peintre a cherché dans ses souvenirs les aspects les plus importants à ses yeux de ce conflit qui a déchiré sa famille.
Cette toile est intitulée couchant et pour l’artiste, représente la fin de la paix. C’est une nuit qui s’en vient avec l’arrivée de la guerre. Pour tous ceux sur qui elle s’abat, et notamment les civils, elle est, en plus d’une période de douleur, une période de tristesse.
La « Vitesse », c’est les bouleversements qui s’abattent et changent à jamais la physionomie d’un pays. Les habitants subissent ces changements en s’interrogeant sur leur propre adaptation, afin d’en sortir indemnes. Dans cette dynamique de peinture, vous retrouverez les traits tracés vides et les couleurs représentant une obscurité qui s’en vient.
L’arrivée de la guerre entraîne l’arrivée des soldats. Des visages fermées aux mines souriantes des photos de propagande, ceux-ci ne laissent personne indifférents, encore moins les populations civiles. On peut supposer la couleur des uniformes et les formes trapues qui ont dicté au peintre sa façon de représenter ces silhouettes connues et craintes, en temps de guerre.
Au-dessus des pleurs et des inquiétudes dans les quartiers libanais, la politique continue de vivre. Elle exprime son anxiété pour les victimes, mais joue aussi un jeu incertain. Souvent, c’est entre ses mains que se tient une solution qui tarde à arriver.
Un des symboles de la Guerre au Liban, c’est la religion. Les croyances de chacun s’élèvent dans cette mêlée humaine et s’entrechoquent, comme si les dieux eux-mêmes voulaient y prendre part. Pourtant, les voix pacifiques des victimes, qui appellent à la paix, méritent davantage d’être entendues et c’est celles-ci qui ici, ont inspiré le peintre.
Comment peindre l’un des plus grands mystères, et l’une des plus grandes craintes de l’humanité? Avec Enrik Helenius, il faut fouiller au fond de soi-même pour savoir quelle forme prennent nos hantises. La mort est-elle une pieuvre, sait-elle planer jusqu’à nous sans toucher le sol? La vision du peintre l’a exprimée ainsi, mais ses arrondis expriment également sa bienveillance. Car avec la mort, viennent aussi un soulagement et la fin du martyre.
Pour raconter cette guerre qu’il n’a vécu que par procuration, Enrik Helenius a aussi peint d’autres toiles. Elle sont plus centrées sur le vécu de la famille à l’étranger, dans l’attente de nouvelles. Les toiles « Téléphones » et « Tracas » en sont des représentations.
Après cette série bien sombre, le peintre a choisi de se tourner vers des thèmes plus gais, qu’on retrouve dans les autres chapitres de ce site. N’hésitez pas à visiter!